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Newcastle, la naissance (enfin) d'un autre prodige ?

 

C'est finalement un transfert comme un autre. On ne parle pas de millions d'euros mais d'un simple prêt. Pourtant, la transaction tant attendue est arrivée. Auparavant, elle avait tenue en haleine une bonne partie du football européen ou du moins, une bonne partie du football français.


Il s'appelle Hatem Ben Arfa. Né le 7 mars 1987, il connait un début de carrière plein de promesses. Dans l'ombre du AC Boulogne Billancourt, il intègre à douze ans l'INF Clairefontaine, centre de formation du football. Sur les pas des champions du monde 1998, l'enfant des hautes seines se voit déjà grand.

Je m'arrête un instant, cette histoire m'en rappelle une autre. C'est au moins dans les grandes lignes celle d'un certain film. L'histoire d'un autre môme, Santiago Munoz qui quitte son pays, le Mexique, pour aller tenter sa chance aux Etats Unis. Très vite, il part pour l'Angleterre, pays où le football est roi, où le ballon rond est religion. Pour Ben Arfa, ce sera une autre région, il s'en va faire ses classes au sein du centre de formation de l'olympique lyonnais aux côtés notamment de Karim Benzema.

Et ensuite me direz vous ?

Ensuite, pas grand chose. Certains le voyaient déjà tout en haut de l'affiche. Comme chez Aznavour, à dix huit ans, il quittait sa province. Oui, et ensuite ? Ensuite, ne soyez pas trop impatient, ce gamin n'est pas comme les autres. Le portrait idyllique s'arrête là. La vie d'Hatem Ben Arfa, c'est, jusqu'à présent, des hauts et surtout, beaucoup de bas. Trop individualiste, trop têtu, trop impatient, le garçon se brûle des ailes bien trop juvéniles pour supporter une tête un peu trop grosse. Le garçon a le melon, le président de l'olympique lyonnais, Jean Michel Aulas, n'en a que faire de ce môme avec lequel il se voit constamment en conflit.

Sur le grand écran, Santiago Munoz, lui, tente de faire ses preuves, il se démène. Enfin, ça ne m'étonne pas, imaginez, il n'a que cette solution pour sortir des favelas. Alors, il se lève tôt, chaque matin. C'est un modèle de détermination. Jusqu'au jour où il commence à cotoyer les grands. Jusqu'au jour où le football n'est plus un jeu mais un métier.

C'est peut-être aussi cela qui a perdu Hatem Ben Arfa. On a voulu l'acheter à coup de millions. De l'autre côté du Rhin, de l'autre côté des alpes, des Pyrénées ou bien encore de l'autre côté de la manche. L'UNFP l'a élu meilleur joueur espoir en 2007-2008. Alors, celui qui était devenu un gône ne cesse d'en faire qu'à sa tête. L'olympique de Marseille le rachète et pense pouvoir en faire un futur phénomène.

Phénomène ?

Ce mot me turlupine l'esprit. Dans mon film, c'était aussi un mot d'actualité. Sauf que là, le phénomène marquait des buts, enchainait les passes décisives. Il n'était autre qu'une icône pour les jeunes, un héros pour ses supporters.

A Marseille, Ben Arfa montre à la fois son yin et son yang. Un coup la tête sous l'eau, un coup marchant sur l'eau. Ben Arfa manque de régularité, il doit s'affirmer, en vain. L'enfant est capricieux. A bientôt 22 ans il lui arrive d'effectuer quelques rares coups d'éclats mais sans franchement convaincre. Oui il devient champion de France avec l'OM comme il l'avait d'ailleurs été quatre fois auparavant avec l'OL. Mais il est également l'objet de nombreuses critiques. Son comportement interpelle, ses manières ne plaisent guère.

Santiago Munoz, lui, est sujet à de très nombreuses jalousies. Il est critiqué mais souvent à tort. Alors, il se démène, obtient un contrat en or. Le fils des favelas réussit à s'installer comme titulaire à Newcastle, il devient le héros du Saint Jame's Park. Oui mais voilà, il ne s'agit que d'un film, que d'une fiction.

Alors, je vous vois venir. Je sais à quoi vous pensez. Et oui, je ne m'en cache pas, je me pose la question.

La fiction peut-elle devenir réalité ?

Il faut avouer que le rapprochement est troublant. A vrai dire, personne n'a du y penser. Mais lorsqu'aujourd'hui, la presse anglaise annonce l'arrivée du français en premier league, cette histoire m'interpelle.
Et puis, Chris Hughton a promis de faire de Ben Arfa son maitre à jouer. Peut-être, enfin, pourra-t-on le voir à l'oeuvre, altruiste, enfin, peut-être. On ne parle là que de suppositions.

Pour être franc, j'ose y croire. J'ose croire à l'éclosion, enfin, de cette perle. J'ose croire que dans ce club où l'ont précédé David Ginola (1995-1997) et Laurent Robert (2001-2006), Hatem Ben Arfa nous montrera enfin l'étendue de son talent. J'ose y croire, pour lui, pour nous, pour l'ensemble du football français. Ben Arfa n'est sûrement pas un ange du ballon rond hexagonal mais il peut peut-être en chasser les récents démons. Sa technique, son aura, son sens du jeu sont peut-être la solution. Et Laurent Blanc ne devait pas être loin de penser cela en le sélectionnant contre la Norvège. Là encore, alors qu'il était en plein bras de fer avec les dirigeants marseillais, Ben Arfa sortait de sa poche une action de génie pour nous remettre sur le droit chemin du rêve de l'euro 2014.
 
 
Alors, pourquoi la fiction ne deviendrait-elle pas réalité ? Et si Newcastle voyait cette fois-ci naitre un prodige en chair et en os ?

Et puis, si Hatem Ben Arfa n'est pas celui tout en haut de l'affiche d'Aznavour, il peut toujours rendre vraie les paroles de Jean Ferrat. « Paraît qu'on n'arrête pas l'progrèsQue pour être vedette à présentIl vaut mieux chanter en anglais … ». Si à l'inverse d'une chanson où d'un film de fiction, dans la planète football le temps ne s'arrête pas. Pour le prodige Hatem Ben Arfa, j'ose espérer qu'à présent, il n'y a plus une seule seconde qu'il ne perdra ...

Simon Bernard



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