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Au nom du cyclisme espagnol, pardon

 

A l'heure d'habiller ces quelques lignes d'un traditionnel titre j'ai longtemps hésité. Longtemps, j'ai pensé paraphraser l'intitulé de la science fiction de Jean-Noël Blanc, Le tour de France n'aura pas lieu. Dopage en cascade, leaders démasqués, on aurait pu y croire, sûrement. Longtemps, j'ai hésité avec un titre incitateur à une longue plaidoirie. De belles phrases pour défendre comme l'on peut ces hommes entrainés dans un système sans limites, sûrement. Pourtant, c'est bien sous forme de pardon que nous introduisons. Des excuses qui vont tout droit aux personnes qui se sentent lésées, qui ont cru à une hypothétique magie alors que tout leur faisait croire le contraire, à tous ces gens là, pardon.

En ce dernier jour de septembre, il aurait été aisé de personnifier ce titre. Facile d'y ajouter un nom. Alberto Contador ? Ezequiel Mosquera ? On aurait pu parler au nom du cyclisme espagnol qui perd un peu plus aujourd'hui une crédibilité ébranlée hier. Il y avait eu l'affaire puerto, Heras, Mancebo, Valverde depuis peu. Aujourd'hui il y en a une autre, l'affaire d'un cyclisme auquel on a du mal à croire, auquel, honteux, on a voulu croire.

Alors, évidemment, ces quelques lignes peuvent paraître un peu précipitées, évidemment. Evidemment, il y a une raison à ces contrôles positifs ou anormaux, comme toujours. Cette fois-ci, pour Alberto Contador, c'est une infection alimentaire qu'on essaye de nous faire avaler à la petite cuillère. Ni vu ni connu, un morceau de viande avarié que l'on nous envoie à la figure. Un beau morceau acheté en Espagne. Au nom des agriculteurs espagnols, pardon. Jaune pâle le madrilène en ce 30 septembre. Jaune en lambeau cherche à sauver sa peau et ce n'est pas la température ambiante qui va nous redonner des couleurs.

Quoi que, à quelque chose près, Mosquera aurait pu nous rendre rouge de colère. Deuxième du dernier tout d'Espagne, le galicéen a cru pouvoir nous la faire, oui, mais pas à nous. Lorsque lors de l'avant dernière étape on l'a entrevu s'envoler, on aurait aimé qu'il y arrive, pour l'histoire. Aujourd'hui, on a rapidement compris qu'Ezequiel Mosquera n'aurait pu réaliser une telle vuelta, seul. Au moment où sur les ondes de la Cadena ser on apprend son contrôle positif, l'Espagne se demande encore comment Contador a pu lui faire ça. Alors, c'est tout un pays qui se met à douter, ce ne sont plus des noms mais un sport, des sports que l'on aurait pu utiliser afin de dire pardon, aux espagnols, nous nous excusons.

Aujourd'hui, il devient bien difficile de croire à tous ces exploits. A ce pays qui dans tous les sports s'est retrouvé le plus fort. On en aurait presque oublié l'affaire puerto. Contador, déjà, était dans les petits papiers de la police espagnole. Mais passons, qui sait, peut être que nous nous trompons. Non, peut être pas. On en avait pourtant trouvé des raisons à cette insolente réussite en cherchant bien. La revanche de tout un pays après des décennies sous Franco. L'émergence de grands champions qui avait donné des idées aux plus petits. Oui, Indurain, oui. C'était au début des années 90, l'arrivée de l'EPO, déjà. On aurait rapidement catalogué l'Espagne comme le royaume des docteurs mabuse.

Alors, aujourd'hui, je n'irai pas chercher bien plus loin. On pourrait écrire des pages entières, on pourrait analyser cela en profondeur, oui mais pas aujourd'hui.

Aujourd'hui, nous nous satisferons de quelques lignes, histoire de marquer le coup. Quelques jours après le vote abolissant les corridas en Catalogne, l'Espagne connait (en attendant confirmation pour Contador) une nouvelle mise à mort, celle de deux grands champions. L'une est plus dérangeante, le contrôle anormale de Contador sonne comme le symbole d'une élite cycliste en berne. Cela, le jour même où Fabian Cancellara est entré dans la légende du cyclisme en devenant champion du monde du contre-la-montre pour la quatrième fois. Marquons le coup avant de se remettre à croire au cyclisme et au sport de l'autre côté des pyrénées. Car dimanche, les mondiaux sur route se dérouleront. En attendant, et après avoir dit pardon. Osons poser la question : et si, dimanche, un espagnol l'emportait ?

Simon Bernard




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