La corrida du mercredi soir
Dans la nuit barcelonaise, le Camp Nou s'illumine lorsque la champions ligue vient y planter son chapiteau. L'Espagne se met à vibrer pour son dernier représentant. On ne parle pas d'éléphant, mais de onze lionceaux prêts à rugir. Face à eux, Manchester United. Le combat promet d'être rude, les ibériques ne regretteront pas ce match aux aire de corrida.
Des deux demies-finales, celle-là est la seule qui n'est pas une confrontation entre deux clubs anglais. Et ce n'est pas pour en déplaire aux nombreux amoureux du beau jeu qui avaient tendance ces derniers temps à se lasser de leur bien aimé. Dans l'arène espagnole s'affrontent ainsi deux des plus grands d'Europe pour une place en finale de la plus prestigieuse des coupes de club. Autant dire que l'affiche s'annonçait succulente. Et les acteurs ne tardent pas à faire le spectacle. Après un bref round d'observation, les regards se fixent rapidement sur Lionel Messi. Prodige argentin, le jeune garçon ébloui le match de toute sa classe. Des gestes techniques de haute volée qui obligent les Mancuniens à un marquage très resserré sur le petit torro barcelonais. Mais au tout début de ce match, les bleus augrana avaient été cueillis à froid. Sur un corner de Wayne Rooney, le ballon est freiné par la main de Milito. M. Busacca . Cela ne fait que 2 minutes depuis le coup d'envoi et déjà le match semble plié. Le feu follet portugais Cristiano Ronaldo tente d'ouvrir le score mais son penalty complètement manqué passe à côté.
Les espagnoles exultent comme s'ils venaient de marquer. Le stade s'emballe, les chants résonnent de plus en plus fort, les locaux se sentent pousser des ailes. Ils jouent alors un football d'une intensité sans pareil, d'une qualité exquise. Les deux équipes délivrent un match exceptionnel, mais les buts se font attendre. Les tirs cadrés sont peu nombreux, un but encaissé de par et d'autre pourrait avoir des conséquences irréversibles sur le sort de cette double confrontation. Alors, les diamants bruts que sont Ronaldo, Messi, deco et Rooney font quelques coups d'éclats, mais rien de plus. Personne ne souhaite se jeter dans la gueule du loup, mais la beauté de cette rencontre n'en est pas pour autant réduite. Les 95 000 spectateurs sont aux anges, ils assistent à une véritable corrida. Technique, vive, âpre, mais il paraît difficile de dire qui en sortira vivant. Les banderilles plantées sur l'un et l'autre n'affaiblissent que très peu. Un match nul semble inévitable, les torreadores se sont déjà donnés rendez-vous dans une semaine cette fois-ci à manchester pour la seconde manche.
Mais là, il n'y aura qu'un vainqueur quoi qu'il arrive. Une lutte exceptionnelle s'annonce, l'Angleterre espère une finale inédite entre deux clubs anglo-saxons. De son côté, Barcelone devra mettre tous les atouts de son côté pour se frayer un chemin au soleil. Les magiciens du ballon rond sont prévenus, ils devront réaliser un match d'exception pour hisser leur équipe au sommet et pour aussi faire rêver ce public qui hier soir a retrouvé le sourire...
Simon Bernard
