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Muraille d'Espagne

 

Qu'il est dur de se remettre à la bicyclette après trois semaines d'une lutte intense. Fini les maillots jaunes, blancs, verts et à pois, un temps oubliés les honneurs du podium, l'heure est à la quête de médailles, le drapeau national sur les épaules, à Pekin, tous veulent l'emporter.

Une semaine après la classica San Sebastian, ils sont 143 à prétendre l'emporter. 238 kms de course, chemin de croix pour certains, long pelerinage vers le sommet de l'olympe pour le vainqueur. Les hommes en forme sont nombreux, les favoris aussi mais difficile d'en sortir un du lot. Les conditions climatiques sont particulières, loin de celles que l'ont peut trouver sur le continent européen l'été venu. Alors, chacun peut croire en ses chances, une défaillance étant si vite arrivée. C'est ce que doivent se dire ces soldats de la première heure, sortis à la conquête, quelques hectomètres après la ligne de départ.

Très vite, la temperature fait ses premiers dégâts. Le ciel se noircit pour de nombreux athlètes, les sprinteurs visitent en premiers les stands. Loin de leurs ex-compagnons de galère partis dans un long périple le long de la muraille de Chine. Loin de ces valeureux brigands, roulants sans compter pour décrocher une breloque dont ils n'auraient jamais osé rêver. Là, Sastre prépare le terrain pour l'armada espagnole. En tête de peloton, les ibériques feront rouler Alberto Contador, Freire à bout de force abandonne, reste Alejandro Valverde et Samuel Sanchez. Lorsque la course se décante sous l'impulsion d'Andy Schleck, Sanchez suit, l'Italien Davide Rebellin avec, le Russe Kolobnev s'accroche, le revenant australien Michael Rogers est là lui aussi alors que Valverde et Bettini sont piégés.

Mais il était comme écrit qu'à Pekin le coup de pédale ne suffirait pas. Une cérémonie d'ouverture un 8/8/8 lorsque l'on sait que ce chiffre est symbole de prospérité en terre asiatique, il fallait forcement y voir un signe au moment ou le dossard 8 fût attribué au moins attendu des espagnols, Samuel Sanchez. Huitième du tour de France, il est le moins attendu de l'échappée royale. Mais à un kilomètre de la ligne tout est relancé. Fabian Cancellara a mis la machine en route, rien ne semble en mesure de l'arrêter. La fusée arrive lancée, prêt à s'envoler. Mais Kolobnev roule, avant que Rebellin ne lance le sprint, vite débordé par Sanchez, l'espagnol vient de décrocher la lune quatre ans après Paolo Bettini.

A 30 ans il s'octroie une place parmi les étoiles. Apercevant l'azur dans le ciel gris, le cyclisme a peut-être lui aussi pris son envol. Une victoire qui en appelle bien d'autres, reste à savoir si le visage de la petite reine de demain ressemblera à Pekin ou si la Chine est une nouvelle épine pour une fédération qui ne cherche plus la consécration mais terminer une révolution qui permettra de regarder loin devant dans un ciel bien dégagé...

Simon Bernard




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