Au pied du Cauberg, la bière coule à flot. Il est vrai que les hollandais sont réputés généreux dans le domaine de la boisson alcoolisée. Mais lorsqu'il s'agit de grimper la côte qui juxtapose le bistrot, l'addition est très vite plus salée. Juge de paix de l'amstel gold race, le Cauberg est aussi un véritable monument où s'affèrent des milliers de spectateurs chaque mois d'avril.

   Cette année, la première des trois ardennaises a tenu toute ses promesses. Il faut dire que la classique s'annonçait très ouverte. Au tableau noir, deux favoris : Damiano Cunego brillant à l'occasion du tour du pays Basque et Alejandro Valverde, étincelant dans Paris-Camembert. Et puis, pas moins de 15 outsiders parmi lesquels Sylvain Chavanel ou bien encore le tenant du titre Stefan Schumacher. Très vite, trois hommes s'échappent.Yuriy Krivtsov (AG2R), Albert Timmer (Skil-Shimano) et Kristof Van de Walle (Topsport) s'isolent ainsi après seulement 40 kilomètres de course. S'en suit une longue procession à travers les différents monts qui jalonnent le parcours.

    Emmené par les rabobank à domicile, le peloton avance à un rythme très peu soutenu, laissant aux fuyards jusqu'à douze minutes d'avance. Mais petit à petit l'écart se réduit, les lampre, la caisse d'épargne et high road viennent donner un coup de main aux oranges. dans un décor sublime, par-delà de vieilles routes escarpées, la course se transforme en un chemin de croix pour certains. Un écrémage par l'arrière pour laisser la place aux gros bras au moment d'entamer les 7 derniers monts. Atteignant parfois jusqu'à 12% d'inclinaison. Ces côtes sont raides et courtes, n'épargnant aucun organisme. Chez certains, le moral prend le dessus. Pourtant, les jambes finissent par craquer, l'espoir de l'emporter finis par s'envoler.

     C'est sûrement pour cela qu'à 20 kilomètres de l'arrivée ils ne sont plus que 9 à prétendre pouvoir l'emporter. Tous les favoris sont là mis à part le belge Philippe Gilbert et l'allemand Schumacher. dans le groupe de tête, le champion d'Autriche C.PFANNBERGER (BAR) essaye de s'échapper, mais les 8 autres sont vigilants. Derrière, Oscar Freire chasse pour rentrer. Pour du beurre peut-on dire, car sous la flamme rouge, le groupe de contre-attaque est à plus de 20 secondes. Pas le temps de cogiter, il faut entrer de plein pied dans le mythique Cauberg ! Un kilomètre des plus abruptes, où va se dessiner le vainqueur. Au sommet, les milliers d'hollandais applaudissent leur protégé Thomas Dekker mais en vain.

     Il vient de se faire déborder, par une fusée nommée Cunego. L'italien qui s'impose pour sa première participation, de bon augure avant le reste de la saison, et notamment les deux autres ardennaises, la flèche mercredi et la doyenne des classiques dimanche. Et soyons en sur, l'ange de Verone est de retour...